vendredi 27 mars 2009

Le plus dur n'est pas forcément la chute...

Les journées s'enchainent et finissent par se ressembler un peu. Une routine s'installe. De la lassitude aussi, quelques petites tensions parfois, mais les gens qui ne s'apprécie pas arrivent dans l'ensemble à s'éviter. Depuis le début de la période de cueillette, beaucoup de monde est passé par Te Koha cueillir un panier, une caisse ou plusieurs tonnes de pommes. Beaucoup sont repartis, d'autres arriveront encore. Finalement, on se retrouve un petit noyau présent depuis le début, une petite communauté qui n'a pas toujours grand-chose à se dire mais qui cohabite, qui s'accepte et qui partage un  sacerdoce. Pendant la journée, chacun dans son rang, on est vite seul avec ses pommes et ses pensées. Avec Sophie, on discute un peu, on tire des plans sur la comète: il va falloir rentrer et même si le voyage en Australie se précise, il faudra bien qu'on trouve de quoi s'occuper une fois que nous aurons regagner la France, le Doubs, Pont de Roide... Les idées passent, elles nous semblent bonnes le temps de le dire ou plusieurs jours, puis elles se fanent comme un coquelicot dans un vase, comme si les sortir de nos têtes les tuaient. La seule chose qui paraisse une évidence, c'est qu'on en a soupé des boulots à deux balles. Servir, cueillir, nettoyer, c'est à peu près tout ce qu'on a fait pour gagner nos vies depuis bientôt deux ans et c'est assez usant et pas très rentable, minimum wage quoi. Alors on se dit qu'une fois en France, on se trouve un boulot, une formation, un métier qui nous permettra de repartir, histoire d'allier usage du monde et salaire décent... 
Bref, cueillir des pommes, encore et toujours, monter, redescendre, n'a rien de captivant et ça laisse de la place au cerveau pour se promener, rêvasser, se déconcentrer... 
C'est le début d'après-midi, il fait chaud et personne n'a vraiment envie de reprendre le boulot. C'est le troisième passage, les arbres sont touffus, les pommes rares. On escalade trois, quatre, cinq fois le même demi-arbres pour quelques fruits. Alors on s'agace. Il ne faudrait jamais s'agacer... Nono, l'arbre qu'il a devant lui l'énerve. Des grosses branches à un mètre du sol l’empêchent d'approcher l'escabeau suffisamment près pour ne pas avoir à jouer les acrobates pour deux misérables pommes. Et la poussière le démange. Et les feuilles des rosacées piquantes sur la peau desséchée par le soleil de l'hémisphère sud et sa couche d'ozone percée. Alors il jette le pied de l'escabeau dans l'arbre pour la cinquième fois. Ce dernier se pose quelque part hors de son regard mais à peu près bien pour donner l'illusion de la stabilité, il est paré à aller chercher les trois pommes qu'il convoite. Il s'élance, une, deux, trois, quatre, ci... la marche se dérobe sous son pied, puis c'est l'arbre qui se dérobe à son regard médusé presque en même temps que le ciel lui apparait, un ciel bleu, immaculé, brulant. Mais tout aussi instantanément, revoilà qu'il revoit le sol, vert, herbeux, et l'escabeau. Il va s'écraser comme une merde quelque part entre la première marche et un gros caillou gris... Et puis non. Le mouvement s'arrête, brusquement, plus brusquement encore que la chute avait débuté, en même temps que s'abat sur lui une averse de pommes. Alors le temps se fige sur une version up side down du monde. Le sol comme ciel, le ciel comme sol, dans une relative apesanteur. Le temps de comprendre ce qui venait de se passer et les premiers cueilleurs arrivent en courant, alertés par le cri qu’il n’a lui-même pas entendu. Ils arrivent et c’est rigolo, ils sont à l’envers, la tête en bas… On le décroche, assez facilement, et il ne sait pas s'il a mal. Il est secoué. On inspecte la jambe. Elle est déjà toute bleue. Quelqu’un dit qu’il faut de la glace. Smithy est emmerdé... De la glace? C’est Lucas je crois qui en trouve. Nous sommes à Hedges, nous sommes chez lui et notre Papa Schultz y a encore des réserves. Il revient, dodelinant avec un carton de steak haché premier prix du Pack and Save de Hasting. La semaine de cueillette de Nono est finie, les steaks de Lucas sont foutus. La mésaventure lui aura au moins rendu ce service-là.
Après contrôle par l’inspection du travail, il s’avère que Nono a merdé. Il a cru que le pied pivotant de l’escabeau était sur le sol, alors qu'il reposait sur l’une des grosses branches de l’arbre. En prenant appui sur l’escabeau, il a pensé que celui-ci était tanqué, mais lorsque il est arrivé à 2 mètres du sol, le principe d’Archimède se vérifiant, l’escabeau a fini de sa mise en place, le pied pivotant à glissé sur la branche et le tout à brutalement opéré une rotation, emportant la marche qu'il pensait trouver sous son pied à quelques centimètres plus au nord. La jambe est passée au travers de la marche jusqu’à la moitié du tibia, est s’est retrouvée coincée entre deux marches. Le corps de l'animal en fut renversé, et finalement, suspendu au plafond comme un petit cochon. Finalement, il connu une variante du fameux adage, à savoir la chute, mais sans l’atterrissage.
Erin l'emmène dans une petite clinique. Grosse contusion au niveau du mollet. Bon pour trois ou quatre jours off. Nous n’avons jamais parlé des frais de la consultation ni du coûts des médicaments. Merci beaucoup, même s'il n'est pas certain que cela
n'arrangeait que l'ami Nono...
Quelques jours plus tard, c'est au tour de Pavla, notre collègue tchèque, de se prendre le même type de gadin. A la différence notoire que Pavla a parcouru la totalité du chemin, de haut en bas, pour un résultat bien différent, à savoir une vertèbre cassée et trois semaines d'immobilisation totale! Il est vrai qu'elle et son compagnon n'étaient pas là que pour le fun. Ils avaient acquis la réputation de ne pas faire les choses à moitié, eux... Leur objectif avoué était d'engranger un maximum de fonds, donc de cueillir le plus de pommes que possible, et de prolonger leur périple jusqu'en Asie, jusqu'aux sommets de l'Himalaya, la haute chaine tibétaine... Raté. 

lundi 23 mars 2009

Happy birthday

Aujourd'hui c'est l'anniversaire de Nono. Notre rock-star a 27 ans, mais ne vous inquiétez pas, il n'a pas l'intention d'y rester cette année, n'en déplaise aux Jim, Jimmy, Janis, Brian ou Amy...
Au menu du repas de fête, lasagnes, Cheese-cake et binouzes... 
Chose remarquable, c'est également l'anniversaire de Dave. Cheers mate!