mercredi 31 décembre 2008

New Year's Eve

31 décembre 2008

Nous avons passé la nuit sur un parking. On peut résumer cela par mauvais sommeil, bonne dose de stresse et odeur de vieux chien de chasse au réveil.
Les premières lueurs de l'aube nous délivrent de l'éternité de la nuit. Un soleil chèrement désiré transperce un ciel bleu pâle et nous gratifie de quelques rayons qui nous réchauffent la peau autant que le cœur. Une petite table de pique-nique, la cafetière sur le réchaud à gaz et la vie reprend des couleurs...
Au programme de la journée? Pas grand-chose de prévu. On roule quelques centaines de mètres et faisons l'ouverture d'un petit parc réfugié dans un résidu de ce que fut la région avant l'arrivée des premiers mammifères. Une sorte de voyage dans le temps, les splendeurs ornithologiques en moins.
Deux heures de promenade dans la fraîcheur de la forêt. Deux heures de calme loin de tout. Deux heures pour se laver l'esprit, ça ne vaut pas une bonne douche, je vous l'accorde, mais c'est agréable, surtout que l'on sent bien qu'en dehors de l'enclave, le soleil se déchaîne à tout brûler.
Nous débarquons sur le parking. Le programme de la journée? bof! On verra bien. Nous partons direction Gisborne. On manque de se faire percuter par un abruti qui se cherche un destin à la Ayrton Senna et finalement, sain et sauf, on arrive à destination. La ville est en pleine ébullition. Les festivités de fin d'année et un festival de musique ont contribué à la remplir comme un œuf. On chauffe un peu dans le trafic surchargé puis nous continuons notre route direction... direction... direction la route qui longe l'océan reliant Gisborne à "the bay of plenty"! No comment.
50 kilomètres plus loin, première connexion avec l'océan. Un petit camping, un long ponton, des falaises crèmes saupoudrées de vert et coiffées de jaune, le tout sur le fond bleu gendarmerie des cieux et le bleu délavé du pacifique. C'est Tolaga bay. Petit coin de paradis. En toute logique, l'endroit est surpeuplé. Nous sommes en pleine vacances de Noël, début de l'été, veille de la nouvelle année et lieu réputé pour être le premier à voir le soleil se lever sur le nouveau jour. Très vite nous comprenons que nous ne pourrons pas planter notre tente ici. On bouffe une boite de haricots sauce tomate sous les yeux hallucinés de quelques plaisanciers avant de partir un peu plus loin, à la recherche de la tranquillité mythique de la région.
Un peu plus loin c'est Tokomaru bay. Un peu plus loin c'est quand même 40 bornes de plus et le second accès à l'océan depuis Gisborne. Ici, même topo. Pas âme qui vive tout le long de la route et grosse affluence sur quelques hectares. Pareil à Tolaga bay, pas moyen de planter la tente. Seule différence, c'est beaucoup moins spectaculaire.
On sort la carte. La prochaine étape est Te Araroa et 80 kilomètres de plus. Notre chance de trouver la quiétude qui nous est cher, nous l'estimons à peu près à 0. Un peu par dépit, nous décidons de retourner sur nos pas.


Une bonne heure de route et nous revoilà à Gisborne. Étrangement, l'intensité est nettement retombée. Tant mieux. Nous sommes à la recherche d'un endroit pour passer la nuit et prendre une douche, quitte à y mettre le prix. Nous tournons à droite, à gauche, devant et derrière mais rien n'y fait. Il faut se résoudre à l'évidence, tout est plein à craquer. Une seule chambre au final, 150 dollars la nuit. Beaucoup trop cher.
Dans ces conditions, nous voilà condamnés à errer, à attendre l'année prochaine en noyant notre ennui dans l'alcool. Nous garons notre chambre sur un petit parking et nous nous dirigeons vers un bar que l'on avait remarqué en arrivant. L'ambiance y est plutôt guindée. On s'en fout. Nous sommes intéressés par la terrasse qui donne sur le petit port. Il est 16 heures 30, première bière de la journée. Une terrasse au bord de mer, le soleil et un large sourire qui s'épanouit sur nos visages. On pue, on a les cheveux gras, pas d'endroit où dormir mais suffisamment d'argent pour boire toute la nuit. On est prêt à accueillir 2009. On papote. Seconde bière. La terrasse se remplit tout doucement. Comme à notre table, il y a largement la place pour caser 10 personnes, automatiquement, un premier groupe s'installe. 3 femmes, la cinquantaine lourde de conséquence, armée jusqu'au dent pour se défendre d'une fraîcheur qui fout le camp. Mélange de parfums douteux et maquillages outranciers, ça sent l'abonnement à la salle de gym et au salon de bronzage. Elles ne se donnent pas la peine de nous voir. Avec elles, un bedonnant sexagénaire, chauve, aux anges au milieu de son escouade de gloussantes ménopausées. Elles nous inondent avec leur SOOooo NIce, SOOooo cute, SOOOooo A-MA-zing... On en commande une autre et on fait abstraction du carnaval. Après un moment, l'homme, déjà bien usé par les furies, trouve auprès de nous une échappatoire neurologique. Discutions convenues mais plaisantes. Sourires aux lèvres et bonne humeur. Finalement, la troupe se décide à passer à l'intérieur et nous commençons à ne plus compter les tournées.
La terrasse est maintenant chargée et les places vacantes ne le restent pas longtemps. Une troupe de jeunes gens, la trentaine soignée, déboule. Petite nouveauté, ils demandent poliment si les places sont libres. Avec un large sourire, nous leurs répondons que oui. Tout doucement, une conversation s'installe entre eux et nous. Paul, souriant prof de sport, musclé et imberbe, est particulièrement intrigué par Nousdeux. Il abandonne petit à petit son groupe pour ne plus s'intéresser qu'à Nousdeux. Pendant un instant non défini, nous allons nous parler. Nousdeux de France et d'errances, lui de Nouvelle Zélande et de son boulot, sincèrement et en se payant des bières comme des vieux potes qui se retrouvent. Peu avant minuit, les beaux décident de partir vers le centre-ville pour le décompte final.

...9,8,7,6,5,4,3,2,1 Happy New Year!!!

Voilà c'est fait. On change de calendrier. A part ça ? A part ça pas grand chose de différent entre la minute dernière et la flambant neuve. Une bière de plus. On commence sérieusement à avoir les yeux qui brillent.
Arrive un nouveau groupe de jeunes gens. Plus hétéroclite. Moins distingué que le précédent. Plus introverti aussi. Certains sont sobres et d'autres complètement bourrés. Il y a un peu de distance avec les premiers, beaucoup moins avec les seconds. Dialogues de sourd jusqu'à l'arrivée de Josh. Jeune éphèbe au teint mâte, à la chevelure sombre et au sourire de pub pour brosse à dent. Musclé mais pas trop, le surfer quoi.
Josh est maori. Il a le nez des gens de son ethnie mais celui-ci se fond parfaitement dans les traits de son visage. Il est avenant, poli, et donne tous les signes de l'intelligence sobre. Après un moment, nous ne sommes plus que 4. Josh, Sophie, Nono et une toute petite femme, complètement effacée mais pour qui Nousdeux sont deux ovnis et qui lui prêtent autant d'attention qu'aux autres. Nous discutons longtemps avec Josh et avant de nous quitter, il nous donne son adresse, nous confie que la porte n'est jamais fermée, que le frigo est plein et que nous trouverons bien une chambre libre et la douche tout seul. Bluffé, nous le remercions en déclinant l'invitation. Un peu trop pour nous autres européens, enfermés à double tours dans notre peur des autres.
Une bière ? De toute façon, nous sommes complètement bourrés maintenant. Bourrées, les deux femmes qui sassaient à notre table le sont aussi. Si l'une est sèche et plutôt féminine, l'autre est immense et n'a pas grand-chose à voire avec l'idée qu'on se fait des dames. Deux mètres de haut, 150 kilos au bas mot, un gros nez maori au milieu d'un tête énorme et des valises gonflées sous des yeux noirs qui t'avalent tout cru. Elle est assise à côté de Nono. Elle fait trois fois sa corpulence. Là, pas de temps mort. D'où on vient? Qu'est ce qu'on fait? blablabla, patati, patata...
Elles sont sympas mais Myriam (appelons là comme ça, leurs véritables noms nous échappent malheureusement, aller savoir pourquoi) inquiète Nono. Elle le domine d'une tête. Elle parle en le fixant droit dans les yeux. "Hé! Hé!" elle lui lance sèchement avant chaque phrase en le bousculant de son coude droit. Et comme souvent avec les peuples autochtones, la discussion glisse doucement vers la politique et la condition humaine... Nous avons du mal à leur faire entendre que nous ne sommes pour rien dans la misère actuelle et que nous pâtissons au moins autant qu'elles des barbaries de nos ancêtres. Comme en Amérique du Nord où nous ne sommes que des visages pâles, ici, un pakeha (le blanc en NZ) reste avant tout un fourbe et un spoliateur. Malgré cela, le moment est délectable. Elles sont très loin d'être méchantes et nous nous sentons bien avec elles. En décalage, et c'est tout ce qui fait l’invraisemblance du moment.
Elles finissent par nous dire au revoir. Miriam nous mange une dernière fois avec ses yeux ronds. Nous décidons de suivre leur exemple. Il est tard. Notre Honda nous attend et avec elle, dans la moiteur de nos sacs de couchage, une nouvelle nuit rugueuse.

mardi 30 décembre 2008

La grande traversée

30 Décembre 2008

(Naute deu l'hauteur: Su ite ah uneu panneu dû coraikteure d'aurtograffe, ïle ai faure praubableU queu quêlkes fôtes seux soie for tui teu man glissées eau saint due taixteu sit deux sous. Daisolé).
Nous poursuivons notre route direction Whakatane (fakatane). On nous a conseillé la route qui longe l'océan depuis "the bay of plenty" jusqu'à Gisborne. Amazing, beautifuf, wonderbar... Les qualificatifs ne manquent pas et on nous a assuré une virée inoubliable. Sur la route, nous avons prévu de nous arrêter à l'un des nombreux sites à l'activité volcanique remarquable qui jalonnent la route. Notre itinéraire est une sorte de route des vins mais avec des mares de boue bouillante (ben oui), lacs bleus et jaunes, geysers et odeurs d’œufs pourris, il n'y a qu'à suivre les panneaux...
Peu après dix heures, nous arrivons à "Wai-O-Tapu" qui veut dire en français "eaux sacrées". Ici aussi les qualificatifs ne manquent pas pour décrire la promenade d'une heure et demi. Cependant une chose est sure, en arrivant là on est à peu certain que tous les touristes de la Nouvelle Zélande se sont passés le mot. On se croirait devant le mausolée de Lénine le jour de la fête du parti. Du coup Nousdeux prennent peur et reniflent l'embrouille. Nono se jettent dans la cohue, slalom entre les dévotes du volcanisme et finit tant bien que mal par atteindre l'entrée du site. 30 dollars par personne. Combien pour le café au lait et le cookie à la margarine?
Indigné à juste titre par le prix de la prestation où, faut-il le rappeler, Mother Nature est la seule actrice, Nousdeux s'en retourne à leur route, laissant aux vrais touristes les joies des promenades qui sentent le souffre.
Nous repartons direction "the bay of plenty" avec un gros doute. Avons-nous réellement envie de nous coltiner les 350 kilomètres de routes qui séparent Whakatane et Gisborne, sachant qu'il n'y a absolument pas moyen de réduire le trajet et qu'à ces 350 bornes il faut en ajouter environ 350 pour boucler la boucle pardi ?
Sophie propose alors un itinéraire bis. Sachant que nous pourrons rejoindre Gisborne par une petite route qui sera bientôt sur notre droite, que cette petite route traverse une forêt (chose remarquable en Nouvelle Zélande), et que dans cette forêt on trouve un parc national, Te Urewera national park, nous optons d'un commun accord pour la bifurcation.
Nous avons progressé sur un bon rythme. Il a fait plutôt beau et les routes sont bonnes. Cela ne va pas durer. Après quelques kilomètres, la route sur laquelle nous nous sommes élancés se transforme en une piste carrossable mais trouée. De la rigolade pour les gros pick-up 4*4. Affaire un peu plus délicate pour notre bonne vieille Honda. Notre marche glorieuse prend dès lors des allures de slalom géant en dévers et sur le verglas. Une lecture un peu plus approfondie de la carte nous apprend que ce ne sont pas moins de 90 kilomètres d'une spéciale digne du rallye des milles lacs qui nous attendent. Avec des pointes à 40 kilomètres heures, Ari Vatanen n'a pas grand-chose à craindre de nous.
Nous prenons conscience également d'une chose plutôt édifiante. Nous pénétrons au sein de la "rainforest", ou forêt pluvial, qui comme son nom l'indique est une forêt (sans déc!) où la pluviométrie est élevée et où justement, pour le coup, et ben il pleut (vous ne l'aviez pas vu venir ce coup-là avouez).
Récapitulons. Nousdeux, une honda civic, une piste mi-terre mi-cailloux mi-flaques d'eau, le déluge et une jauge à essence qui tire méchamment du côté du E (pour empty, vide). Évidemment, et cela fait aussi partie des traditions, au moment de croiser la dernière station essence, Nono, de l’œil avisé du grand sage des pommeaux qu'il est, n'a pas daigné s'arrêter et nourrir sa bête (la civic, on est bien d'accord). En fait, quand la route tend à monter, la jauge indique un "ça ira" tranquille, lorsqu'elle descend, elle glisse alors sur un "ouille ouille ouille" inquiétant. Nous faisons la moyenne des deux et nous obtenons un "en serrant les fesses on s'en sortira sans trop se mouiller".
C'est dans cette ambiance alerte rouge que nous découvrons la forêt pluviale. Un épais tapis de végétation qui recouvrent les collines environnantes. Toujours verte, impénétrable, riche de milliers d'espèces végétales et animales. Elle est un palais de verdure. Dans ce monde là, la Nouvelle Zélande est un royaume qui jadis n'appartenait qu'aux oiseaux. Un royaume humide, bâti de palmiers aux feuilles immenses, de pins millénaires, de fougères géantes, d'arbres hébergeant dans l'entremêlement de leur ramure d'autres arbres, de fleurs, de lianes serpents... Un royaume où les espèces végétales se livrent une guerre sans merci pour chaque rayon de soleil. Un royaume magique où les lumières d'Hélios se transforment en matière nourricière...






Cette lumière, dont le spectre se dissèque au milieu des gouttes qui perlent sur le pare-brise, aujourd'hui, peine à traverser l'épaisse couche de nuages. De la peine, nous en éprouvons aussi à atteindre le bureau d'information du parc et les bords du lac Waikaremoana. Toujours sous des trombes d'eau, nous y débarquons au milieu de l'après-midi. Nous y trouvons les premières infos sur les activités que proposent le parc. Première info et première mauvaise surprise. La randonnée phare du parc qui parcourt les rives du lac est une "great walk". C'est à dire qu'il faut payer un supplément pour chaque nuit passée dans les refuges. Nous avons déjà payé un passe 90 dollars. Hors de question de payer 25 dollars par personne et par nuit ici. On nous renseigne sur une autre rando. Ce n'est pas une great walk mais il faut payer aussi un supplément pour pouvoir rester dans le refuge.
Nous sommes indécis. Il est trop tard pour sortir aujourd'hui. Nous renseignons sur la météo des jours a venir. Bonne chance de pluie pour demain, possibilité de beau pour après-demain. Cela renforce encore un peu plus notre indécision.
Nous sortons du bureau, nous asseyons sur un banc et faisons un point. Nous sommes le 30. Demain c'est la saint Sylvestre. L'idée de passer le réveillon au milieu des bois nous plait mais en contre-partie, la perspective de randonnée sous la pluie nous refroidit. Pourtant, malgré l'austérité des lieux, la forêt, emmitouflée dans ses voiles de brumes, nous attire. Aussi, la curiosité nous pousse à la visite de cette immensité verte. Nous prenons la décision de rester ici cette nuit et de voir le temps qu'il fera demain.
A deux kilomètres, une station-service et une épicerie. Les prix sont aussi hauts perchés que le ciel rase la cime des arbres. Pas le choix. Nous faisons le pari de n'emplir le réservoir que de 10 litres. Nous apprenons qu'il y a un petit village et un bistrot à quelques kilomètres de là. La perspective d'une bière fraiche excite nos gosiers asséchés par les kilomètres de piste et nous avons vu tomber trop d'eau ces derniers temps pour avoir envie d'en boire. La piste encore et toujours, puis enfin du bitume, une maison, puis une deuxième, puis une enseigne. C'est là. Une barrière encercle quelques cabanes de bois et une cour. Dans cette cour, deux pick-up. Dans ces pick-up, des tonneaux blancs avec dessus d'effrayantes têtes de morts rouges. Nous pénétrons dans l'enceinte. L'endroit semble désert. Timidement, Nono sort de la voiture, fait trois pas. Il ne pleut plus. La porte d'une des cabanes est ouverte, autorisant une vue sur sa ténébreuse intimité. Un comptoir, des tables, des scelles de cheval mais toujours personne en vue. Il s'avance encore un peu lorsqu'une voix l'interpelle. Dans un sursaut il se retourne.
"What do you want?" (Qu'est ce que tu veux étranger!).

Les cowboys sont là, juste derrière, la mine grise et les yeux sombres. L'un deux, assis sur caisse de bières, le fixe sévèrement, tant dis que l'autre, dressé dans un long imper noir, le dévisage sous le couvert d'un large chapeau.

"Is it possible to have a bier?" (Nous voudrions boire une bière, brave homme, s'il vous en plait), répond Nono tout en s'efforçant à dissimuler son accent et un léger malaise, les yeux rivés sur les deux bières fraichement décapsulées, ruisselantes de désires, trônant devant les deux hommes.

"It's not possible" (ça va pas être possible étranger), répond sèchement l'homme aux yeux sombres.

"Is it too early? May we come back latter?" (Est-il trop tôt, n'êtes vous point encore de service cher ami?), demande calmement le jeune aventurier de l'impossible.

"No! We're off today.", (Nan! c'est fermé aujourd'hui) rétorque fermement l'autochtone.

"So, enjoy your day off!" (Qu'il est fort plaisant de jouir de la vie assis sur une caisse de bières tout en se délectant d'une bonne chopine en compagnie d'un ami par un agréable jour de congé hebdomadaire), réplique Nono en souriant malicieusement.
"Thanks" (ouais c'est ça!), conclut le cowboy, en lui rendant un sourire édenté.

De nouveau dans l'habitacle rassurant de la voiture, Nono décrit en deux mots la scène à Sophie qui était restée sagement dans la voiture. D'un nouveau commun accord, ils décident de fuir, une fois n'est pas coutume, la froideur terrifiante des lieux en se jurant de ne jamais y revenir.

Deux heures plus tard, nous marchons sur une plage de "Poverty bay". Le soleil de la fin d'après-midi séchant la carrosserie de notre véhicule, c'est dans la contemplation sereine de l'océan et de la charogne puante d'un mouton que nous terminons cette journée pleine de rebondissements, cette journée d'initiations et de méditations transcendantales, cette journée de vagabondage si vous préférez.

lundi 29 décembre 2008

Boom Boom Boom Boom


 29 décembre 2008

En quittant Tongariro National Parc, nous regagnons Taupo où nous avions prévu de dormir dans le camping gratuit que met la municipalité à disposition des zonards dans notre genre. Petite précaution intelligente qui permet d'éviter de les voir squatter tous les parkings de la ville.
Rudimentaire, pas de douche ni d'électricité, mais le but est d'y passer la nuit et non d'y rester à domicile pour les vacances.
En arrivant à Taupo il pleut comme vache qui pisse. Rien d'autre à foutre que d'aller au ciné ou au bistrot. Nous y ferons les deux.


Depuis la terrasse du café nous apercevons une petite pancarte qui attire l'attention de Nono. Une auberge de jeunesse propose des chambres doubles pour moins de 55 dollars. Rien d'extraordinaire, c'est le prix, mais l'idée saugrenue de dormir dans un lit et de prendre une douche, voir même de faire sécher nos affaires, nous traverse l'esprit. On avale notre chopine et on fonce à l'auberge voir s'il reste de la place. Plus qu'une chambre de libre, un peu bruyante nous avertit-on, mais c'est cinq dollars de moins. Génial. Un peu de bruit ne nous a jamais fait peur. Nous prenons la chambre.

Douche chaude, étalage des affaires mouillées et on file au cinéma. On voit "L'invité" dans la plus petite salle du monde, 11 places, et puis on rentre se coucher.

Un peu bruyante est la chambre en effet. Sous nos fenêtres il y a une terrasse, et sur cette terrasse, un homme joue de la guitare et chante le blues. C'est fort mais on peut le faire. Nous sommes suffisamment fatigués. A vrai dire, nous tombons de fatigue. On se couche et on ferme les yeux. Nous commençons à sombrer dans une douce torpeur lorsque tout à coup:"BOUM BOUM BOUM PAM PAM PAM TLANG TLANG TLANG ET PCH ET PCH ET PCH ET TACATACATAC VROUFF VRAM PANG!!!!!" dans nos oreilles. Où est passé le bon John Lee Hooker et ses boom boom boom boom? Une transe-gore-psycho-techno débile a pris le relais. Tous les murs tremblent. On entend pas vraiment la musique mais les basses circulent plus librement que l'air dans tout l'immeuble. La porte vibre, la fenêtre grésille, l'évier secoue et le plafond menace de s'effondrer. C'est horrible, intenable. Pour ne pas totalement sombrer dans la démence, il arrive un moment où, en plein crise de nerf, nous devons quitter la chambre et errer sans but dans les rues de Taupo. Il parait qu'ils passaient des albums de Blackmétal aux prisonniers de Gantanamo, enfermés dans une cellule, le son à fond et pendant des heures. Barbares. Nous devons reconnaitre que cela aurait pu être pire. Une soirée spéciale Lara Fabian et nousdeux auraient été retrouvés morts au petit matin. Finalement la fiesta prend fin. Lorsque le dernier POOM se fait entendre il ne nous reste que quelques heures de répits avant la première machine à laver.

8:00 AM donc. Debout. Nous prenons notre petit déjeuner au milieu des autres pensionnaires plus ou moins mongoles et on se sauve de ce lieu maléfique.

La colonne silencieuse

29 décembre 2008

Nous avions prévu de dormir sur le parking mais un vieil homme est venu et nous en a chassé. Nous sommes partis sans broncher et avons garé notre voiture deux kilomètres plus loin, aux abords d'un sentier, où deux autres campements avaient déjà été installés.

Alors commence l'interminable nuit. Le stress d'être chassé par la police où pire encore. Des histoires de voyageurs détroussés pendant leur sommeil, ils s'en comptent des milliers depuis l'aube de l'humanité. Nous verrouillons la voiture et finissons tant bien que mal par être emportés par un sommeil précaire et sans rêve.

Les heures défilent sur le cadran de l'horloge et finalement, nous sortons de notre rudimentaire léthargie un peu avant le levé du jour. Les étoiles sont déjà parties à votre rencontre.
Devant nous, les trois volcans se découpent dans l'obscurité qui devient pénombre. Hélios se réveillent à son tour et c'est l'incendie. Derrière les colosses, le ciel s'embrase, les contours des montagnes se font braises. Le Dieu Soleil nous déroule un tapis multicolore, un tapis de nuages qui flamboie au dessus de nos têtes, un tapis qui nous indique que nous sommes la bienvenue dans la montagne aujourd'hui.

Préparons un petit déjeuner succin et partons à l'assaut du mont Tongariro, notre destination du jour. Petit sommet très accessible ne dépassant pas les deux milles mètres d'altitude. Pour nous y rendre, nous emprunterons la très populaire Tongariro Crossing, randonnée phare de l'île nord, "must go" que tout bon visiteur de la Nouvelle Zélande se doit de parcourir.
Pour éviter l'affluence, nous avons décidé de partir tôt. Bien nous en a pris, nous nous élançons à peine que déjà arrive le premier autobus.

La première partie du parcours se déroule tranquillement. Un large sentier montant très légèrement entre deux plis et au milieu des herbes jaunes, entrecoupé de quelques petits passages rocheux, conduit les marcheurs au pied du volcan. Nous avançons sur un bon rythme, appréciant la légèreté accordée à nos épaules, soulagées d'une bonne dizaine de kilos en comparaison avec notre parcourt de la semaine dernière. L'horizon se réduit au fur et à mesure que les deux montagnes enflent. Derrière nous quelques formes se distinguent, une meute est à nos trousses. Nous avons de bonnes jambes aujourd'hui et ne voulons rien lâcher. Il n'y a que quelques personnes devant nous, une dizaine tout au plus, alors que plusieurs centaines s'apprêtent à nous emboîter le pas. Nous ne sommes plus qu'à quelques mètres de la première ascension lorsque Sophie reçoit une poussière dans l'œil. Nous stoppons notre progression. Rien de visible mais elle a très mal. Nono ne cède pas à la panique. Traitement à l'eau douce, goutte à goutte grâce au camel back et surtout, ton ferme mais rassurant. Une demi-heure plus tard, la demoiselle est sur pied, prête à reprendre l'aventure. Une demi-heure assis au bord du sentier. Une demi-heure et à peu près quatre ou cinq personnes toutes les deux minutes, cela fait au minimum 60 ou 70 personnes qui sont passées devant nous, à deux mètres. Sachant que trois ou quatre personnes tout au plus se sont inquiétées de notre situation, cela fait un peu plus de 2 pour cent qui nous ont adressé la parole. Les autres sont, à très peu de chose près, passées sans nous dire un mot, sans même nous voir, le plus souvent en regardant de l'autre côté du chemin. Surpris? Plus maintenant.

Remettons les sacs sur les épaules, resserrons les lanières, chacun un piquet, nous repartons rassurés. Nous avalons les trois cents mètres de plat qui nous restaient à parcourir et entamons la montée. Des escaliers. Trop facile. Une à une, en alternant le pied d'attaque, nous dévorons les marches. Déjà, les premiers traîne-savates sont rattrapés, avalés, digérés. Je me sens près à en découdre. Ce ne sont pas des jambes mais des ailes qui me portent aujourd'hui. Plus nous prenons d'altitude, plus le rythme de tous ces gens devient lent, plus nous en voulons. Dans ma folie, j'en oublie de regarder autour de moi. Sophie me rappel à l'ordre. Sur notre gauche, flottant au-dessus de l'horizon, le Mont Taranaki, lointain, vaporeux. Il est une ombre au-dessus du vide. Il a des airs de Fujiyama, de mont Baker, avec sa coiffe d'argent. Nous lui accordons quelques secondes puis repartons à l'assaut du Tongariro.

Je suis affamé, je dévore. Je pourrais courir, exalté par ma suprématie d'un jour au milieu de la masse. Je double des gens qui sont passés devant nous il y a plus de trente minutes. Sophie aussi donne beaucoup, je me retourne pour voir où elle en est. Pas très loin derrière. Elle me fait signe que tout va bien, je continu sur ma lancée. Dernière ligne droite. Un groupe de peignes culs trop occupés à se regarder le nombril et qui nous avaient magistralement snobés sur le parking est en ligne de mire. J'arriverai avant eux. Je tire encore un peu plus et finalement, je les dépose cinquante mètres avant le South Crater. Sophie me rejoindra quelques minutes après.

Nous débarquons sur la lune.

De là, il est possible de partir à l'ascension du mont Doom. Deux heures de sérieuse grimpette jusqu'au cratère sur les traces de Frodo Baggins...
Mais Ngauhuroe n'est pas à notre programme et nous lui tournons les talons.

Nous traversons l'immense étendue cerclée de roches avec cette impression de suivre les traces de Neil Armstrong ou de Tintin. Nous sommes dans la place forte du château. Devant nous, la dernière "difficulté "de la journée. Le sentier grimpe sur un des remparts de la forteresse, longeant les douves, il nous conduit à la porte du donjon.



Nous changeons une nouvelle fois de planète. Nous foulons désormais le sol martien et le vent se révolte. Le "red crater" est sous nos yeux. Connexion directe avec les entrailles de la planète. C'est le clitoris du Tongariro, c'est de là que la terre accouche de la montagne au milieu des fumerolles inquiétantes et des lacs aux eaux turquoise.

Le spectacle ici est grandiose. La vue sur le désert de Rangipo, les plis formés et déformés au rythme des éruptions volcaniques, les montagnes derrière la plaine, balbutiement de la chaîne alpine, contenant la brume matinale, les couleurs, l'absence totale de végétation, l'absence quasi totale de vie, le feu, la glace, le vent. Une étrange sensation nous envahie. Nous prenons conscience de l'absolue singularité des lieux.

Nous reprenons le sentier qui mène au sommet du mont Tongariro. A partir de là, l'affluence se fait relativement moindre, mais en contre-partie, Sophie commence à souffrir de sérieuses crampes dans le mollet gauche. J'ai été présomptueux et arrogant, Sophie en paye les conséquences. Sa progression a été beaucoup trop rapide et elle a fourni un effort important pour s'accrocher à ma connerie. Le calvaire pour elle jusqu'au sommet, qu'elle atteindra avec des larmes. Au travers des sculptures de roches volcaniques, sur le chemin escarpé qui conduit tout la haut, la demoiselle n'aura RIEN lâché, repoussant les limites une fois de plus...



En haut, le vent est si violent qu'il est difficile de garder l'équilibre et le froid qu'il charrie avec lui nous contraint à écourter notre séjour au sommet de notre montagne. Il est l'heure de parcourir le chemin en sens inverse, il est l'heure de redescendre.

Même topo, mais à contre-courant. En redescendant sur le South Crater, nous sommes effarés de constater combien une grande partie de la foule qui arpente les lieux n'a aucune idée de ce qu'elle est en train de faire.
Les équipements sont inexistants ou totalement inadaptés à la montagne. Des groupes de personnes arpentent le sentier sans sac, sans eau, sans habits de rechange, en petit soulier de ville, l'air de rien, rue piétonne, une petite boutique sympa et un café en terrasse. Ce sont les mêmes qui sont passés ce matin devant nous. Je les ai vu. J'ai senti leur arrogance, leur morgue. Face à moi, ils peuvent l'être, je ne peux blâmer personne et c'est tout le poids de leur stupidité qu'ils traînent sur leur épaule et qui pèse lourd, mais face à la montagne, personne ne peut mentir.
Le sentier qui mène au Red Crater, je ne suis pas près de l'oublier. L'expression sur les visages qui se transforment au cours de l'ascension. La souffrance qui tord les bouches, le froid qui pince les peaux nues, le sol qui se dérobe sous les escarpins. Bien sûr, ils ne me regardent pas, ils ne regardent personnes d'ailleurs, ils voudraient pouvoir enfiler le masque, mais ils ont face à eux l'indéniable, leurs limites, et elles sont pour beaucoup d'entre eux beaucoup plus proche qu'ils ne voulaient bien le laisser croire.

(J'ouvre une parenthèse au risque de fracasser le rythme du récit mais c'est important pour nous que vous compreniez. Nous ne prenons pas de plaisir à voir des gens en chier et je ne me pose pas ici en donneur de leçon. Si je décris se passage, ce n'est pas pour badigeonner mes écrits avec du fiel ou par simple plaisir de la diatribe, mais bel est bien parce que ce que nous aimons le plus dans ces expériences de marches ou de montagne, c'est cet apprentissage de l'humilité, et Dieu sait à quel point nous en manquons.
J'ajouterai également que jamais Sophie et moi n'avons cessé de saluer et de remercier les gens qui nous laissaient passer à l'aller et avons adressé un Hi ou un Hello et même quelques bonjours à toutes les personnes que nous avons croiser en descendant et qui ne regardais pas le bout de leurs chaussures par crainte de rencontrer nos regards, mais vous nous connaissez trop bien pour en douter n'est-ce pas?)

Peu après avoir traversé south crater, nous ne croisons plus grand monde. Quelques paumés qui feront certainement demi-tour (en tout cas je l'espère) un peu plus loin, d'autant que la pluie se met à tomber peu après midi.

Emmitouflés dans nos habits de pluies, nous sommes déjà en bas et continuons notre route, bien loin déjà de la colonne silencieuse...

dimanche 28 décembre 2008

Best seller des années 90.

Une petite énigme facile pour moi cette fois ci.

Un petit élément que (presque)tout le monde connaît, ou en tout cas a déjà vu avant, s'est glissé dans l'aventure Round the Mountain track de Nousdeux.

Saurez-vous trouver lequel est-ce?

samedi 27 décembre 2008

Samedi

27 décembre 2008

Samedi, dernier jour de notre voyage sur la planète Ruapehu. Aujourd'hui nous redescendons sur terre.

Nous sommes plutôt ravis de voir l'astre solaire briller comme aux plus beaux jours et nous accompagner jusqu'à Whakapapa village, jusqu'à notre Honda rouge passée, jusqu'à une douche, jusqu'à un lit avec des draps, une bière fraîche, un plat chaud, de la viande si possible, un steak, un rumsteak, ouais, un rumsteak et des frites, c'est ça, une paire de baskets et des chaussettes propres, et puis un caleçon propre aussi, tant qu'on y est, du déodorant, un vrai café et de la confiture, un canapé, un film, un joint, le chauffage central, une grosse couette, un cocon. Nous rêvons de propre tout le long de la route. Nous rêvons de confort. Nous rêvons de civilisation.

La fatigue qui nous accablait la veille a comme disparu. Une sorte de torpeur enroule nos mouvements, nous promène. Nous nous retournons parfois, pour regarder le volcan qui s'éloigne dans notre dos. Il n'a jamais été si beau. Il ne sera bientôt plus qu'un incroyable souvenir dans nos esprits et quelques photos dans notre disque dur reproduisant bien médiocrement sa véritable splendeur...


Et à part ça alors? Alors pactage et dentifrice, une dernière rivière glacée, des marécages jaunes et bruns, la forêt pluviale et des oiseaux, enfin des d'oiseaux. Cerise sur ce gros gâteau, nous rencontrons sur notre route le Karearea, the New Zealand Falcon, sans aucun doute possible et sachant qu'il ne reste pas plus de 800 animaux sur l'île, nous nous considérons vulgairement comme ayant le cul bordé de nouilles.

Après 2h30 de marche, une rivière d'or, des fougères de toutes tailles et des arbres choux, finalement, c'est le retour des gens. En contre sens et mal polis, des gens. Walkman sur les oreilles, traînant avec eux tout le poids de leur sinistre solitude, des gens. Visiteurs blasés ignorant lamentablement les richesses de la forêt, ils déambulent sur le sentier devenu chemin. Ils nous agacent mais nous ne leur accordons pas plus d'importance que ça.

Dernier pont, énorme, en bois, fabuleux ouvrage d'art, une merveille, puis un parking, la route, et enfin Whakapapa. La boucle est bouclée. Nous nous congratulons. C'est fait, derrière nous, 65 km de sentiers, 6 jours de marche, 5 nuits, 115 photos...

Pourtant, l'euphorie que nous nous attendions à recouvrer n'est pas là. Nous sommes contents mais rien d'extravagant. Nous déchargeons nos sacs, ôtons nos chaussures immondes de puanteur et gagnons l'office de tourisme afin d'avertir les responsables du site de notre retour triomphal et en un seul morceau.

A l'intérieur, c'est la cohue. Du monde à en dégueuler par toutes les fenêtres des têtes de gros cons joufflues. Ça se ru, ça s'entasse, ça se presse, ça chiale et ça trimbale sa sale caboche à la recherche de la moindre saloperie à rapporter de l'autre bout du monde. Surtout, Nousdeux sont très fatigués et le retour à la réalité touristique de Whakapapa est absolument atroce. Nous écourtons notre tour du musée. Il est plein de français et nous comprenons trop facilement leur discours gluant.

Nous fuyons à toutes jambes l'office. Nous désirons maintenant nous connecter à l'outil internet afin de trouver une table et une chambre pour la nuit. Le seul poste accessible se trouve à 500 mètres, dans un hôtel. Bien sûr, la petite dame de l'office et son superviseur, binoclard prétentieux, en ont plus que marre de voir débouler hommes et femmes des bois empestant l'animal sauvage. Ils sont plus glacials que l'hiver québécois. Ils nous expédient sèchement vers les ordinateurs et cela énerve Nono qui a déjà pas mal entamé son capital selfcontrol depuis une demi-heure. La souris. Qui est-ce qui si colle? Hum... Nono empoigne la bête. Comment ont fait? Comment ça marche? Comment on écrit auberge de jeunesse en anglais? Ça rame, ça bug, c'est cher et on n'a plus de monnaie. Vite réservation. "Où t'as mis ma putain de visa? Comment ça elle est restée dans la voiture? Trouve moi un stylo, un bout de papier, que je note cette saloperie de numéro de téléphone bordel! J'en ai pas". Fin de la session. Il était temps, on allait finir par se battre.

Nous sortons de l'hôtel pas beaucoup plus avancés. On sait juste qu'il va nous falloir marcher sur des œufs jusqu'à la fin de la journée et que ce dont nous avons besoin maintenant, c'est de boire un coup, de prendre notre temps et surtout, surtout, de RESTER CALME.

A Whakapapa, il y a, hormis des touristes stupides, pas grand-chose. Une espèce d'édifice en briques rouges d'assez mauvais goût qu'ils appellent pompeusement "The château". C'est l'hôtel grand luxe de la station de ski qu'est aussi Whakapapa en hiver. C'est le seul endroit où l'on peut espérer boire une bière ici. Dehors, cinq tables de pique-nique avec dessus au moins cent verres, bouteilles et tasses.

A l'intérieur, le bar, même bordel mais avec moins de gens, mais encore plus de vaisselles sales. Nous approchons timidement du barman. Il sourit de toutes ses dents, s'excuse pour l'hygiène plutôt lamentable et nous sert deux bières que nous boirons au goulot. Il y a des gens qui viennent réclamer le cacolac de la petite et le vittel grenadine de la belle-mère qu'ils ont commandés il y a déjà un petit moment. Un grand gugusse en tongues et short de plage débarque de la planète Hawaï et tente de reprendre tout ça en main. Sans doute le gérant. Bref. On boit, on se gausse, ça nous fait du bien et puis on se casse de là.



Nous roulons direction Turangi, extrémité Est du lac Taupo. Là, nous y trouvons un Holiday park, une petite chambre et surtout une douche. Nous avalons un piètre sandwich et quelques chips achetés un peu plus tôt au New World (sorte d'intermarché local). Une petite boite de tomates cerises nous redonne le goût de la nourriture non déshydratée. Malgré la fatigue, nous trouvons la force nécessaire pour prendre une douche, longue et bien chaude.

Nous dormons quelques heures avant de partir revigorés vers le "centre-ville". Pas vraiment le choix. Une bière dans un TAB (sorte de casino pouilleux pour fauché) avant de nous rendre au restaurant "Four Fish" juste à côté. L'ambiance du resto est faussement guindée. Toute une tripoté de faux riches font semblant de festoyer. On nous accueille froidement avant de nous installer dans un coin. "Encore deux paumés qui vont commander une barquette de frite et boire un coca pour deux", doivent-ils penser. Deux bières, une bouteille de Chardonnay, deux entrées, deux plats, deux desserts et deux Irish coffee finiront par nous remettre sur pied. 170 dollars, un généreux pourboire et comme souvent, nous sommes les derniers à quitter la salle de restaurant. Le responsable nous gratifie de mille thank-you. Retour dans notre cagibi digérer le festin. Fin de l'aventure Round the Mountain Track.



vendredi 26 décembre 2008

Vendredi

26 décembre 2008

Comme nous nous endormons, nous nous réveillons avec le soleil. Nous restons quelques instants immobiles sur notre matelas, pour mieux savourer la douceur du petit matin qui tapote aux carreaux. D'où nous sommes, nous ne pouvons pas voir la couleur du ciel, mais la lumière qui pénètre dans la hut par la baie vitrée laisse à espérer qu'il est plutôt bleu.

C'est Peter qui s'active le premier. Il installe une gamelle d'eau sur le petit réchaud à gaz posé sur le plan de travail près de la fenêtre.
Nono se lève à son tour, part chercher de l'eau à la rivière, revient chercher le réchaud, ressort, rerentre, ne sait plus trop où il habite.
Il y a un truc qui cloche ce matin dans son petit cerveau de thermodynamicien du dimanche. En bon motoriste avisé qu'il est, il a toujours utilisé son réchaud à gaz à l'extérieur. Ben oui, vous savez bien, le coup du monoxyde de carbone, le traître, celui qui ne sent rien et qui vous paralyse à ce qui parait. En plus, ces sales petites bestioles que sont les réchauds à gaz, ont la fâcheuse tendance de ne pas être toujours très stables, enfin, cela dépend surtout de celui qui les utilise...
Alors, il est là notre ami, devant la porte, la gamelle pleine de flotte dans les mains, incapable de prendre la décision dehors, dedans. Peter, qui a tout l'air du randonneur expérimenté, ne s'emmerde pas tant lui. Il utilise son réchaud dedans, et laisse ses chaussures dehors. Ses chaussures justement. Et ce qui devait arriver arriva. Nono laisse la gamelle de flotte lui échapper des mains et tout le liquide s'en retrouve pour le coup éjecté presque intégralement dans la chaussure gauche (pointure 51, au bas mot) du néo-zélandais.
Confus et ridicule, notre petit bonhomme rentre timidement dans la hut demander pardon au grand gaillard. On vous l'a dit, les néo-zélandais sont sympas, et en en voila une preuve de plus, Peter, de l'eau ou pas dans ses groles, ça vraiment, il s'en fout.

Le temps d'éponger autant que possible l'eau de la chaussure et nous reprenons le cours normal de nos activités c'est à dire, petit déjeuner (café soluble infâme et petits gâteaux secs), pactage, nettoyage de la hut. Les néo-zélandais sont les premiers, sans rancune, à partir, suivis quelques minutes plus tard de Nousdeux.

Hormis quelques cumulus qui nous privent parfois de soleil, le temps de ce matin est agréable. Cela est très appréciable après les deux jours de déluge que nous venons de nous farcir. L'espoir est permis, rester sec toute la journée, le rêve. Oui mais voilà. La réalité de la randonnée pédestre est parfois cruelle et il est bientôt l'heure de déchanter. Derrière la hut, un petit bois, quelques arbres tout au plus qui nous cachaient une rivière. Bien sûr, aucun pont en vu et nous nous rendons vite à l'évidence, il ne va pas être facile de la traverser sans avoir de l'eau jusqu'au genoux.

Nous prenons notre courage à deux mains et plongeons nos guiboles engourdies dans la fraîcheur terrible du bouillon. L'eau qui s'infiltre entre les mailles des chaussettes nous brûle les orteils.

De l'autre côté, nous ôtons les sacs pour le premier break de la journée. Il est 7h35. Nous avons décollé à 7h30.

Assis sur une grosse pierre, nous essorons nos chaussettes. Le moral des troupes a été quelque peu lessivé par la traversée.
Nono essai de relativiser. Sophie a un peu plus de mal. Nono, sentant bien que la situation lui échappe, cherche par tous les moyens à maintenir le moral de l'expédition à flot, finit par s'énerver et conclut le tout en beuglant comme un con. Braquage complet de Sophie qui l'envoie proprement se faire voir chez les grecs. Elle est pas belle à voir l'équipée sauvage à ce moment là.

L'orage ne dure que quelques secondes et les esprits retrouvent vite leur calme. Nous reprenons notre route presque sereinement. Celle-ci s'élève par quelques petits passages délicats jusqu'à un promontoire surplombant la vallée. Nous stoppons là quelques instants, le temps de l'imaginer il y a 10 000 ans, remplie de millions de tonnes de glace. Pendant quelques secondes nous marchons sur le monstre.

Le sentier grimpe maintenant au droit dans la forêt, longeant un petit ruisseau bordé de Mountain Daisy. Par endroit, des glissements de terrains mettent à jour le sous-sol de la montagne. Un peu plus loin, le Ruapehu se mire dans les eaux du Lake Surprise...

Nous arrivons au pied d'un immense escalier. Il a été construit pour protéger les milliers de plantes qui s'épanouissent dans cet ancien couloir d'avalanche. Ses innombrables marches nous emportent sur la crête, au dessus de la zone de végétation forestière. Le vent est au rendez-vous et il est en forme aujourd'hui. Comme bien souvent, il amène avec lui ses vieux potes les nuages qui s'accumulent déjà à l'horizon. Nos enfilons une épaisseur supplémentaire avant de partir à l'assaut du sentier qui court à flanc de montagne, traversant une steppe marécageuse. Un crachin flotte dans les courants. Il ne tombe pourtant pas du ciel, il est soufflé de la montagne par le vent.

Nous allons souffrir pendant 4 heures à monter descendre, traverser des rivières. Trop tôt, trop vite, nous espérerons apercevoir la hut. Nous sommes fatigués. Il nous faut puiser dans nos ressources pour continuer. De toute façon, nous n'avons pas le choix.

Nous atteindrons la hut un peu avant deux heures. Nous avons mis 6h30 pour l'atteindre. Une heure de plus que prévu pourtant, nous ne nous sommes quasiment pas arrêtés.

La hut est vide, propre et agréable. Tout en bois, tout en chaleur. Il ne fait pas vraiment froid mais Nono décide d'allumer quand même un feu dans le fourneau. Pendant ce temps, Sophie prépare les deux derniers sachets de nouilles chinoises. Tout à coup, c'est le drame. Dans sa relative fébrilité, la belle renverse le précieux contenu de la gamelle sur le plancher poussiéreux du haut-vent. Ces deux sachets, valant l'équivalent de quelques centimes de dollars néo-zélandais, avaient été pour nous la promesse d'une récompense à l'arrivée, ils maintenaient l'espoir d'un peu de douceur dans notre journée laborieuse. Ce que la valeureuse Sophie ressent à cet instant-là n'est n'y plus ni moins que de la tristesse. Dès lors, il faut sécher ses larmes et patienter jusqu'au soir pour se restaurer. La randonnée en autonomie, faut-il le répéter, c'est redéfinir des échelles de valeurs, c'est faire de petits riens des grands tout.
Le calme revient. Nous passons le reste de l'après-midi à jouer aux cartes et au petit bac.

Vers 17h30 arrive un couple. Piolets, mousquetons et cordes. Ils déballent leur tente qu'ils font sécher à l'extérieur. Chose parfaitement incroyable, ils sentent encore plus mauvais que nous. Elle, 25 30 ans, plutôt sociable, suédoise et parfaitement bilingue. Lui, 30 35 ans, le vrai ours, australien et une tête à cauchemar. Ils font à peu près le même parcourt que nous, mais en évitant autant que possible d'emprunter les sentiers. Pour demain, ils envisagent d'escalader le Ruapehu.

18h00 arrive un second couple. Équipement propre, vêtement moulant dernière génération en Gortex. Ils entrent sans dire bonjour. Chose parfaitement incroyable, ils sentent bons. Elle, 65 ans, plutôt hautaine, Néo-Zélandaise, découpant des légumes frais et du jambon. Lui, 60 ans, nettement plus cool et qui finit même par nous adresser la parole. Ils font la même boucle que nous mais dans l'autre sens.

Nous finissons tous à la même table à écouter la vieille randonneuse parler pour ne rien dire. En fait, nous n'avons qu'une seule idée en tête, impossible de faire autrement: leur piquer leur bouffe! La vue du cœur de batavia, blanc et croquant, les tomates juteuses, les poivrons sucrées finissent par nous rendre un peu fous. Pas assez pour une agression caractérisée, mais assez pour se réjouir à l'idée que demain, nous regagnons la civilisation, ses routes, son eau chaude et ses supermarchés...




jeudi 25 décembre 2008

Jeudi

25 décembre 2008

Une lumière pâle et timide éclaire la pièce lorsque nous ouvrons les yeux. Triste nouvelle en ce 25 décembre, le père noël nous a oubliés. Nous nous jetons sur la fenêtre dans l'espoir d'apercevoir néanmoins un peu de ciel bleu et quelque chose du paysage qui, d'après les commentaires laissés dans le registre, est grandiose des fenêtres de la hut. Malheureusement, la visibilité est limitée à quelques centaines de mètres et la pluie tombe toujours aussi fort.
C'est d'abord un redoutable sentiment d'abattement qui nous emporte dans une déferlante de lamentations. Un autre jour à marcher 5 heures sous la pluie, voilà le programme de notre jour de Noël. Nous émettons l'hypothèse de rester ici pour la journée. Nos provisions sont suffisantes pour tenir six jours complets et nous avons prévu d'être de retour à Whakapapa samedi matin. Nous pourrons même, si nécessaire, ne pas faire de halte dans la dernière hut qui n'est qu'à 3 heures de marche du hameau. Les minutes s'égrènent lentement et l'idée nous parait bientôt mauvaise.
Coûte que coûte il nous faut avancer. Pas question de moisir ici un jour de plus.
On se motive. L'important est de partir gonflé à bloc.
Nous nous élançons sur le sentier entrecoupé de touffes de tussocks détrempées. Après quinze minutes, le premier ruisseau que nous devons traverser à gué finit de nous remplir les godasses. Après vingt minutes, nous sommes aussi mouillés que possible.

Pendant deux heures, même topo que la veille. Parcourt du combattant au milieu des marécages et des forêts blanches et bleues puis nous gagnons de nouveau la beech forest, plus verte, moins morbide, mais tout aussi humide et froide.

Quelques instants avant de rejoindre Ohakune mountain road, nous croisons un couple remontant le chemin. Ils sentent le propre et les douces fragrances d'after shave et d'eau de Cologne nous rappellent au bon souvenir des douches quotidiennes.
Nous papotons pendant cinq minutes. Ils sont très étonnés lorsque nous leur affirmons qu'ils sont les premiers humains, et pratiquement les premiers êtres vivants (monde végétale excepté) que nous voyons depuis plus de deux jours.

Cinq cents mètres plus tard, nos pas foulent le bitume. Pas de pancarte ici. Pas d'indication non plus sur le descriptif de la marche que nous trimballons avec nous et qui commence à devenir très peu lisible. Nous interrogeons notre semblant de carte. Il faut prendre à droite, il faut monter.

De là, nous entamons la pire épreuve de la marche. Remonter une route qui ne mène nulle part mais qui reste invraisemblablement fréquentée. Nous avons été surpris de trouver du macadam, nous le sommes encore plus devant le nombre de véhicules plus ou moins lourds qui gravissent la côte, refoulant autant que possible une quantité effroyable de gaz d'échappement que nous respirons à pleins poumons, et qui redescendent après quelques trop courts instants.
Comble de la perfidie, il nous parait de plus en plus évident que le temps que nous allons passer sur cette route n'est pas pris en compte dans le temps donné de parcourt.

Sophie perd un peu de sa patience, puis c'est autour de Nono de s'énerver. Nous sommes pourtant presque tout au-dessus. La pluie n'est plus qu'un crachin minable et nous manquons presque d'apercevoir la silhouette majestueuse qui se découpe à l'horizon. Un magnifique cerf coiffé de bois immenses nous observe de loin.

Enfin une pancarte. Nous sommes de retour sur le sentier après ce bref retour à la réalité. La hut est à deux heures de marche. Confirmation que l'heure de grimpette en compagnie des autos et de leurs passagers ahuris ne fait pas partie de la rando.

Nous pestons une dernière fois avant de reprendre la route, lorsque surgit d'entre les nuages un rayon de soleil. Nous prenons ce petit bout de ciel bleu comme une récompense à nos efforts. Ce petit rien de réconfort nous revigore.
Au fur et à mesure de notre progression, le ciel s'ouvre. La grisaille qui a été notre lot quotidien pendant deux jours laisse maintenant la place au bleu du ciel et nous apercevons même par instant des pans entiers de montagne. C'est le retour du Ruapehu après deux jours d'absence.

D'un peu plus loin, nous distinguons le toit gris de la hut, lovée dans un petit bois tout en bas, au fond de la vallée. Nous mesurons ainsi la route qu'il nous reste à parcourir avant de pouvoir ôter nos chaussures.

Toute une partie de la descente se pratique sur de la roche extrêmement glissante. Cette partie, bien que très passionnante, est également très stressante. Nous prenons notre temps et en atteignons le point bas sans bobo.

Encore un ou deux kilomètres à parcourir dans la plaine, deux ou trois ruisseaux à traverser à gué, un petit pont de bois et c'est l'arrivée à la hut. Surprise, elle est habitée. Nous prenons notre temps avant de rentrer à l'intérieur. Nous y trouvons Peter and James, le père et le fils, en retraite pour les fêtes de Noël. Échanges courtois et ambiance feutrée. Toutes les paroles sont dites à voix basse, comme pour ne pas perturber la sérénité qui se dégage de l'endroit, et avec cette humilité et cette simplicité souvent caractéristiques de ceux qui crapahutent sac au dos.

La fin d'après-midi s'écoule doucement. Allongés sur nos matelas, jamais ne rien faire du tout ne nous avait paru aussi agréable. Nous contemplons depuis l'immense baie vitrée les nuages qui galopent sur le volcan. Bientôt, une ombre remontera de la plaine jusqu'à son sommet, dévorant la lumière du jour et annonçant l'irrémédiable approche de la nuit. Toujours dans le silence et à mesure que l'obscurité gagne du terrain, chacun retrouve la chaleur de son sac de couchage pour y attendre le sommeil sereinement.

mercredi 24 décembre 2008

Mercredi


24 décembre 2008

Il pleut des cordes. La pluie et le vent se sont amusés toute la nuit à battre des roulements de tambour sur le toit et à faire hurler le corps de la cheminée. Pas tout à fait l'idée que l'on se fait d'un désert. Il est sept heures et la dernière des choses que nous ayons envie de faire est de mettre le nez dehors. A 7h30, nous nous décidons timidement à affronter la fraîcheur de la hut. On traîne des pieds, on déjeune, on se brosse les dents... A neuf heures, les sacs sont prêts. Il faut se résoudre à sortir. Nous espérions une accalmie, de toute évidence, elle ne viendra pas.


Rien à dire sur les cent premiers mètres. La pluie n'est finalement pas si drue et le vent semble s'être enfin calmé. A bout de deux cents mètres, première difficulté. Un petit ruisseau dévale la pente. Pas de quoi s'affoler me direz-vous, n'empêche que jouer à la marelle sur des petites pierres mouillées avec un sac de quinze kilos sur le dos, il y a quand même de quoi en refréner plus d'un.
On avale gauchement l'obstacle et on continue notre route. Le sentier grimpe légèrement à flanc de coteau avant de déboucher sur un petit plateau à découvert. A partir de ce point, la pluie redouble d'intensité et le vent redevient fou. Le mélange des deux vient nous percuter à tribord. Nous adoptons une espèce de démarche de biais pour protéger tant bien que mal le côté droit de notre visage, tout en essayant de garder un œil sur les balises. Peu confortable comme posture mais relativement efficace une fois que la technique est acquise. Nous avons quitté la hut depuis une bonne demie-heure et des vêtements que nous portons, il ne doit déjà plus rester grand-chose de sec. C'est approximativement à ce moment que Sophie, en son âme et conscience, émet la terrible hypothèse : "Je crois que j'ai oublié mes lunettes dans la hut". Pour un caleçon, une fourchette et même une lampe frontale, la réponse aurait été simple et expéditive : on s'en fout, pas question de rebrousser chemin, mais pour des lunettes de vue, c'est plus délicat. Pas d'autre alternative alors que de déballer le sac de l'espèce de Kway qui l'emballe et d'en vider son contenu encore plutôt sec au milieu des flaques d'eau. On farfouille, on s'agace, on s'énerve et finalement on met la main sur l'étui rouge. Cette halte nous permet néanmoins de faire un point sur notre situation. Dans ces conditions dantesques, pas question de flâner ni d'inspecter le moindre caillou bizarre. Une seule issue, foncer. Nous adoptons dès lors une allure soutenue, un peu dans le genre marche ou crève.
Après une demi-heure de progression sur le plateau, nous arrivons au-devant d'une immense vallée morainique, sombre et grise dans la tempête, profond sillon taillé dans la roche et berceau d'une rivière qui parait minuscule depuis notre point de vue. Des rideaux de pluies dansent dans le contraste des parois. Elle est effrayante, monstrueuse, vierge de toute végétation, parfait paysage lunaire, excepté que sur notre satellite, il ne pleut pas. Nous avalons une barre de céréale avant d'entamer la descente abrupte qui mène au torrent. Avec le sol rocailleux mouillé, la partie s'annonce périlleuse. Chaque pas doit alors être contrôlé, tout mouvement précautionneusement préparé. Et toujours la pluie qui nous single le visage et qui nous alourdit considérablement. Notre progression est très lente. Malgré cela et à plusieurs reprises, nous glissons. Une chute ici et la sortie loisir se transforme en cauchemar. A chaque fois que nous regardons vers le bas, il nous semble que cette descente n'aura pas de fin.

Finalement, c'est sans aucun dommage que nous gagnons le pont de liane qui nous emporte vers l'autre rive et la montée sur l'autre versant. Quoique toujours délicate, l'ascension reste néanmoins beaucoup plus aisée. La traversée d'une zone d'éboulis nous demande cependant un peu d'attention. Le piquet qui supporte la balise a été brisé récemment par une chute de pierres et certaines d'entre elles sont plus grosses que notre caravane.
Le sentier court ensuite en dévers le long de la gorge, mais de ce côté, nous sommes à peu près à l'abri du vent. Elle semble si simple cette partie de la traversé. Elle ne l'est pas. Nono, un peu trop libéré après tant de précautions glisse et se rattrape de justesse. Ne jamais oublier, c'est souvent lorsque l'on se croit tiré d'affaire qu'arrive les malheurs.

Il nous aura finalement fallu une heure pour franchir la vallée. Nous nous accordons quelques secondes pour la contempler une dernière fois. Elle parait encore plus gigantesque depuis ce côté. Il nous est même difficile de croire que nous venons de l'autre.

Une barre de céréale et nous reprenons notre route qui descend dans un petit vallon.

Une heure plus tard, le paysage change enfin. Quelques taillis annoncent l'arrivée imminente de la forêt que nous devons rejoindre. La roche devient sable et nous devons même franchir quelques dunes. Des résidus de végétations se dressent sur des estrades moulées par la pluie et le vent dans ce sol sablonneux. Quelques clichés ici auraient promis d'être spectaculaires, ils resteront de vagues images dans notre souvenir.

Après avoir zigzagué entre les bosquets, nous arrivons finalement dans la forêt. Sombre et humide. Intensément froide. Une mousse appelée old man's beard (la barbe du vieil homme, Usnea hirta) recouvre à peu près tout ce qui vit et le sol est couvert d'une épaisse mousse bleue. Le sentier, qui est plus ruisseau que sentier d'ailleurs, est par endroit constitué de petits ponts et d'espèces d'escaliers pour géant, conçus pour protéger le sol très meuble des pas lourds des randonneurs. En fait, depuis que nous avons regagné la végétation, tous les cinquante mètres environs, nous avons à franchir un obstacle. La marche d'un mètre de haut en est un bon exemple, les rivières sans pont en sont un autre, sans oublier les descentes glissantes dans la boue.

Arrive un moment où il nous faut nous arrêter et ôter les sacs. Cinq minutes de répit. Il est deux heures. En voilà cinq que nous sommes partis. La marche que nous effectuons aujourd'hui est donnée pour six. Pourtant, à la lecture de la carte, nous venons de franchir la dernière rivière de la journée. Mais il y en a eu tellement aujourd'hui, comment savoir.

Nous rechargeons les sacs sur le dos et pensons repartir pour une heure de calvaire, dans la forêt glaciale.

 Un virage à gauche, la hut est là, dans une petite clairière de tussocks. Sans exagérer, à ce moment précis, ce que nous ressentons nous l'appelons allégresse.

Il est 14 heures passées de quelques minutes. Nousdeux qui d'ordinaire prenons plus de temps pour couvrir les parcours que les temps indiqués par les instances, nous avons mis une heure de moins. Nous ôtons un à un nos vêtements en espérant que personne ne viendra assister à notre streaptease, puis inspectons anxieusement l'état du contenu de nos sacs. A la question va-t-on pouvoir enfiler des affaires sèches, la réponse est à peu près oui. L'appareil photo quant à lui, blotti au milieu des linges et des pulls, est parfaitement sec.
C'est sur ces bonnes nouvelles que nous prenons possessions de notre nouvelle maison. Autre bonne nouvelle, le bois a été stocké récemment et il y a même un vieux journal qui traîne dans un coin. Nono se hâte d'allumer un feu. La chaleur se diffuse rapidement et la petite bâtisse devient dès lors très confortable. Nos affaires étalées aux travers de la pièce, se sont tous les moindre coins et recoins qui sont mis à contribution. Nous espérons maintenant ne pas voir arriver une troupe de quinze scouts tout aussi trempés que nous, mais en ce 24 décembre 2008, personne ne rejoindra Mangaehuehu hut et nous passerons le plus paisible des réveillons.
Au menu ce soir, 30 grammes de chedar en apéritif, une soupe "Magie" en entrée, riz au thon saveur épicé comme plat principale et une raie de chocolat aux amandes chacun, excusez du peu, le tout arrosé d'une délicieuse eau de pluie millésimée.

Le festin englouti, nous prenons place dans nos sacs de couchage et attendons l'obscurité pour nous endormir en priant le ciel pour que demain il fasse beau.

mardi 23 décembre 2008

Mardi

23 décembre 2008

6:00 PM.

La nuit fut glaciale. Nos nouveaux sacs de couchages, aussi compacts et sophistiqués soient-ils, nous ont laissé entrevoir leur limite en matière d'isolation thermique. Nono ose une sortie hors de la tente. Le soleil qui pointe timidement à l'horizon éclair un ciel magnifique et badigeonne les parages d'une lumière orangée. C'est désormais sans la moindre pudeur que les deux volcans se dévoilent. Le sol est recouvert de brindilles de gel qui scintillent dans les premiers rayons du jour. Toute la beauté et la singularité des lieux n'y font rien, il fait toujours très froid. On se les pèle sévère j'oserais même dire. Drôle de façon de débuter une journée d'été. Le désert de Rangipo et ses 270 jours de gel par an n'est plus très loin.
Dans ces conditions, pas moyen de rester la bouche en cœur et les doigts de pieds en éventail. Il faut agir, et agir vite, seul moyen de combattre le froid qui nous mort à toutes les extrémités. On prépare le petit déjeuner, on démonte la tente, on commence la préparation des sacs...

Finalement, dans une douceur toute relative, les minutes s'écoulent et la sensation de froidure disparait. Il est bientôt 7H40 et nous sommes prêts pour notre seconde journée de marche.

Nous marchons 3 quarts d'heure et croisons 7 ou 8 personnes avant d'atteindre un croisement. A gauche, Waihohonu hut et le très populaire Northern track, à droite, Rangipo Hut et the round the mountain track, notre route. A partir de ce point et jusqu'à Ohakune Mountain Road (que nous rejoindrons dans trois jours), nous ne rencontrerons plus personne.

Le paysage de l'étape que nous parcourrons ce jour est particulièrement étrange. La végétation témoigne de la rigueur des lieux. Mousses, touffes de Tussock (Chionochloa), buissons d'hebe (hebe) et Mountain Daisy (Celmisia), ou marguerite des montagnes si l'on ose une traduction, en sont les principaux éléments. Tous, de façon visible, parfaitement adaptés au froid et répartis de manière éparse ou très densément à la faveur de critères qui m'échappent un peu (érosion sans aucun doute et réseau hydrographique complexe et aléatoire semble-t-il).
A certains endroits on trouve quelques bosquets, résidus de ce qui fut sans doute une forêt, avant qu'une coulée de boue chaude, ou lahar, n'en emporte une partie. De ces coulées de boues on devine parfois l'extrême front pétrifié, allant de quelques centimètres de haut à plusieurs mètres, et qui à chaque fois, mettent à mal la compréhension que nous avons du lieu.

Notre route nous conduit à une source. Une rivière d'eau claire sort de la montagne. Un peu plus loin, c'est le court d'un torrent complètement desséché qui nous guide. Ici et aux endroits où les rayons du soleil n'ont pas encore réchauffé le sol, de petit cailloux poreux arborent des crêtes de gel ébouriffantes. Nous entamons une grimpette lorsqu'une odeur très forte nous empoigne par les narines. On se tait, avançons à pas de loup. Sans doute un sanglier. Les traces nous indiquent qu'il était là, tout près, à quelques mètres. Nous suivons du regard les traces que l'animal vient tout juste de laisser dans le talus, emportant sans un bruit son odeur traîtresse.

Le soleil est déjà haut dans le ciel lorsque nous arrivons aux portes du désert de Rangipo. Depuis quelques mètres la végétation avait laissé entrevoir quelques traces de changement et tout à coup, derrière une bosse, il est là. Sous mon pied gauche, la prairie, sous mon pied droit le désert. Derrière nous, le mont Ngauruhoe, devant, le Ruapehu.






Sur ce que nous avons pu lire du lieu, la pauvreté du sol et "l'ombre du Ruapehu"(les nuages provenant de la mer de Tasman se crèvent sur le versant nord) font de ce lieu un désert. Nous progressons aux milieux des champs de cailloux et des vergers de roches. Comment ont fait toutes ces pierres pour se retrouver là ? Si les volcans peuvent projeter des cendres sur plusieurs milliers de kilomètres, ils peuvent à coup sûr expédier un bout de roche gros comme une voiture sur une dizaine.
Une petite montée, une courte descente, une rivière. Nous stoppons pour avaler quelques provisions. Les pieds dans une eau limpide, nous faisons la connaissance des sandflies, petits moucherons vampires, dont nous auront tout loisir de reparler plus tard.

Nous reprenons la route. Champs de cailloux, encore, toujours. Parfois, quelques touffes de végétations viennent rompre la monotonie du paysage et quelques Mountain daisy, regroupées en bandes organisées, semblent même prospérer dans le coin.
Une grosse bosse et nous disons au revoir au mont Ngauruhoe que nous ne verrons plus avant samedi. De là, un panneau nous indique que la hut (le gîte) se trouvent là-bas, à deux heures de marche. Nous avons traîné. Certain visage commence doucement à se crisper. Et ce satané désert qui s'étend au fur et à mesure que nous progressons.

Une heure plus tard, nouvelle halte. Du bout de roche où nous sommes assis, nous apercevons une gigantesque crevasse qui déchire le plateau. On imagine le pire. Redescendre, encore, tout en bas, pour remonter, une fois de plus, tout en haut. Ça sent le soufre, littéralement. Un nouveau panneau. Il y est inscrit "Extreme lahar risk next 400 M". La suite raconte pour résumer que surtout, il ne faut pas s'arrêter dans la zone et qu'il ne faut pas si engager si l'on entend un bruit sourd!? Certain visage sont encore un peu plus crispé.

On avance. Nous apercevons désormais un pont de liane (en acier je vous rassure, il n'y a pas de liane dans le désert) qui enjambe de façon spectaculaire une espèce de canyon grandiose. Nono fonce, pas le choix, pas le droit de s'arrêter. Sophie, attend. "One person only"est-il précisé. Le pont tangue, ballotte, secoue. On sert les dents et ça passe sans soucis. Le temps de sortir l'appareil photo et Sophie, dans un acte de bravoure suffisamment conséquent pour être souligné, s'élance, grimace, fixe le bout du tunnel et finalement, franchi à son tour le gouffre démoniaque.

De l'autre côté, nous nous accordons quelques instants de répit et le droit d'observer cette ancienne vallée glacière aux falaises écorchées par la glace, modelées par la lave et les coulées de boue. Le Ruapehu est là, devant, massif dans sa cape blanche, il trône. Nous nous sentons si petit, si vulnérable face à lui, presque effrayés dans ce lieu si hostile. Alors, pour nous rassurer, c'est à ce moment que le bon roi décide de coiffer son auréole multicolore, honneur immense et gage suprême de sa mansuétude.

Époustouflés par l'indéfinissable beauté de l'instant, et dans la suffocante odeur de soufre qui embaume le lieu, nous repartons humblement, sûr à présent de la bonne humeur du titan.

Il nous faudra encore une bonne heure avant de rejoindre la hut. Une heure d'une relative et silencieuse douleur. Une heure avant de s'abriter pour la nuit. Toilette intime en plein air, feu dans le robuste poêle en fonte grise, douceur ultime qui sublime l'être après l'effort, sentiment puissant de bien-être et d'évasion, expérience de la solitude. Nous dévorons une gamelle de pâte et quelques précieux carrés de chocolats avant de nous glisser dans nos sacs de couchage. Là, au milieu de nulle part, nous nous endormons. Et le ciel se met à pleuvoir.

lundi 22 décembre 2008

Lundi


Il est environ 10h30 lorsque nous arrivons à Whakapapa village (prononcer fakapapa). Nono est ravi de garer la voiture et de sentir le stress de la conduite à symétrie orthogonale s'évanouir presque aussitôt. On file à l'office à la recherche de quelques infos. D'abord le temps. Une belle semaine est annoncée. Aahhh! Pluie pour mercredi matin et beau pour le reste de la semaine, quant à aujourd'hui, frais et couvert mais sec, soit le plus important.
On achète une petite carte et on remplit le formulaire (non obligatoire) informant les secours de notre parcours, avec les prévisions de nos étapes et la date de retour programmée. Petite précaution incroyablement rassurante.
Un rapide tour du petit musée consacrée au parc, lunch, on charge les sacs sur le dos et nous voilà partis pour 6 jours de marche autour du mont Ruapehu. Au programme: forêts primitives, prairies alpines, déserts, vallées morainiques, coulées de boue...

L'après-midi se déroule sans embûche. La boucle, que nous effectuons dans le sens horaire, commence doucement, aux travers de la mountain beech forest (la traduction en français serait forêt de nothofagus de montagne, pardon). Petit à petit, les équipages que nous croisons, correspondant plus ou moins au profil type du randonneur longue distance, se font de plus en plus rares.
Après deux heures, nous traversons une rivière et dans le même temps, la forêt laisse la place à une prairie alpine austère où quelques vestiges de coulées de boue et des glissements de terrains viennent rompre la monotonie du jaune fade des touffes de tussocks, du vert sombre des hebes et des taches blanchâtres d'une petite plante aux allures de moisissure et jusqu'ici non identifiée. Après quelques centaines de mètres au milieu de ce paysage, nous pouvons pour la première fois apercevoir le mont Ngauruhoe.

Les discussions vont bon train avec Simon, toujours très intéressantes. Nous n'avons presque jamais arrêté de discuter depuis que nous sommes partis de Te Koha. Il faut dire que nous avons avec nous un personnage plutôt atypique. Au croisement qui mène aux Tama Lakes, il sort sa carte de son sac. Sa destination en ce jour, un petit bout de montagne où il va s'installer seul avec son sac de couchage et sa tente pour 14 jours de méditations. Il nous montre l'endroit où il souhaite se rendre. Encore quelques centaines de mètres et dans le lit sec d'une rivière, c'est le moment de se séparer. Drôle d'impression de se voir saluer quelqu'un, en fin d'après-midi, au milieu de nulle part, et de le voir prendre le chemin le plus direct pour l'oubli.
Nous reprenons le cours de nos discussions en français et marchons encore une heure, avant de nous arrêter pour la nuit, docilement installés entre les deux volcans.

Ring of fire

Avant de parler du Tongariro National Parc, il y a quelques petites explications d'ordre géologique qu'il est important de mettre en avant. Tout le monde à un jour entendu parler de la tectonique des plaques ou dérive des continents. Principe aujourd'hui unanimement reconnu par la communauté scientifique quoique certainement remise en cause par le Vatican. En deux mots, et pour éviter toute confusion fâcheuse, sur lignons qu'il n'est pas question ici d'une danse ridicule pour adolescent en manque de repères, mais du déplacement de l'écorce terrestre, ou lithosphère si l'on veut faire son péteux, divisée en une quinzaine de plaques principales.
De ces déplacements découlent la morphologie actuelle de notre planète, la forme des continents, la hauteur des montagnes, la profondeur des fausses marines... Mais tout le monde sait ça.
Alors pourquoi insister là-dessus? Parce que la Nouvelle Zélande ouvre, ou termine (dépend d'où l'on se place, je préfère, aux vues de ma position géographique actuelle, dire qu'elle ouvre), ce que l'on appelle très poétiquement d'ailleurs, la ceinture de feu du Pacifique, ou ring of fire en anglais.
Plus concrètement, la Nouvelle Zélande est située à la jonction de deux de ces plaques tectoniques, les plaques pacifique et australienne. Nousdeuxlabas, tranquillement installés dans la fraicheur de leur caravane, ont littéralement le cul sur une faille géologique. Intéressant.
Un peu plus concrètement encore, qu'est ce qui se passe alors?
Alors, nos deux plaques rentrent en collision, où plus précisément, la plaque australienne s'enfonce sous la plaque pacifique, ce que l'on appelle dans le jargon, une zone de subduction. C'est à partir de ce phénomène que se forme les montagnes de Nouvelle Zélande. Ces mouvements induisent une importante activité volcanique. On imagine assez facilement qu'il se crée des brèches dans la croute terrestre, plutôt rigide et cassante, aux alentours des ces failles. Ces brèches permettent au magma contenu dans l'asthénosphère de remonter à la surface et par la même occasion de former un volcan.
Nous arrivons enfin là où mon explication laborieuse rejoint l'objet de nos aventures, le Tongariro National Parc. Le Tongariro National Parc est situé géographiquement au milieu de l'île Nord (vulgarisons, vulgarisons) et quelques kilomètres au nord de la faille susnommée. Historiquement, c'est le premier des neuf parcs nationaux que compte actuellement la Nouvelle Zélande à avoir été créé. Il est composée de trois volcans actifs. Le mont Ruapehu, le mont Ngauruhoe et le mont Tongariro. Toujours en activité, leur première éruption date de 250 000 ans pour le Ruapehu et Tongariro, 2500 ans pour le mont Ngauruhoe. Sur l'échelle de temps géologique, c'est peanuts comme on pourrait dire.
Nousdeuxlabas partent donc aujourd'hui à l'assaut des volcans de Nouvelle Zélande.


Tongariro National Parc


Lundi matin 7h. Les affaires chargées dans la Civic, nous embarquons Lenard que nous déposerons à l'arrêt de bus et Simon qui nous accompagne jusqu'à notre première destination, le Tongariro National Parc. Avec tout ce petit monde casé dans la Honda, il ne doit pas rester plus de 25 cm carré d'espace libre dans l'habitacle.
Trois heures de route jusqu'au parc via Taupo. Le grand soleil, comme très souvent sur la baie des buses, laisse vite la place aux nuages au fur et à mesure que l'on s'enfonce dans l'île. A la première halte, un froid hivernal nous surprend et donne la chair de poule à nos petits mollets bronzés. Nous ne nous éternisons pas et reprenons vite la route de Whakapapa village, point de départ du Round The Mountain Track.